Noircir les faits

Derrière un titre plutôt paradoxal en des temps déjà assez sombres, se révèle une pratique dans laquelle le visible est entièrement tourné vers le tangible. Photographies, moulages et empreintes de toutes sortes, c’est toujours sur le mode de l’indice que les pièces de Xavier Bauer se manifestent. Les différentes techniques de reproduction qu’il utilise ont toutes pour but de produire de la trace, c’est-à-dire un état attestant à la fois d’une présence et d’un effacement.

Reporter les choses n’est donc pas ici les rapporter fidèlement, mais dans le geste et le temps du report s’en éloigner un peu. Ce n’est pas le même qui l’intéresse, mais le double, ce même mais autre, avec le trouble qui l’accompagne. En troublant ainsi la vue, ses pièces retardent leur réception et forcent l’attention.

C’est aussi par les mots que le double ou le doute est semé. En ce sens, Noircir les faits peut à la fois venir questionner un pessimisme latent ou être une manière de lui faire face. Le titre nommerait ainsi une façon propre à l’artiste d’appréhender le monde, un moyen de prendre sa trace, comme si avec un charbon il venait en frotter la surface afin d’en rendre l’empreinte.


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