En triant les affaires de ma mère après sa mort, je me suis arrêtée sur un objet éphémère, quasi transparent, étonnement fragile et robuste à la fois que sont les napperons en papier. En continuant le tri, j’ai retrouvé sa collection d’écharpes en soie. Tel un câlin venu de l’autre monde, j’en ai entouré mes épaules et respiré une odeur d’un lointain souvenir apaisant. J’ai retrouvé des photographies d’elle dans un carton et sélectionné celles qui la représentaient dans des poses plus ou moins convenues et parfois aussi celles où elle me semblait plus libre et détachée du regard de l’objectif. La lenteur du dessin, en opposition à la pratique rapide de la réalisation de photographies, m’offre un temps suspendu avec elle post mortem.

Ce travail est non seulement un moyen pour me permettre de consoler brièvement mes peines face à la disparition précoce de ma mère, mais traite de la thématique de l’usage de la photographie. La photographie, ce médium si accessible qui accompagne nos récits de vie. Que faire de toutes les images produites une fois que la personne qui est là pour la raconter a disparue? Quelle place prennent-elles vis à vis de l’absence de la personne représentée? L'Étreinte est une proposition de photographie familiale post mortem.